Hier soir, comme les autres soirs en camping, j'ai mis la totale pour avoir chaud. Après plusieurs nuits à avoir froid, je sais maintenant comment traiter le problème. En plus de mon duvet, j'ajoute un drap de soie, et je revêts mes plus grosses chaussettes, un pantalon en mérinos, un sous-pull technique, un cache cou et un bonnet d'oreilles. Cette nuit, je n'aurai pas froid, c'est moi qui vous le dis ! ... Euh, oui, effectivement. Pour la première fois, j'ai même beaucoup trop chaud. Je sue, là-dedans ! ... Super nouvelle ! Ça veut dire que la période froide que je craignais est en train de prendre fin !


Le réveil sonne à 6h50, comme à peu près tous les jours. Je commence à m'activer. Après un petit-déjeuner copieux, je regarde rapidement le parcours du jour. Ah oui, 110 km ! Quand même ! Bah faudrait pas trop trainer alors, parce qu'à tous les coups, y aura du dénivelé, en plus. Bon, je prends quand même le temps de faire une lessive. La météo est prévue au top, tout sera propre et sec à mon retour.

Et dans ma sacoche, qu'est-ce que je mets ? La pompe, les rustines, du miam-miam... et puis tiens, sait-on jamais s'il y a un tunnel, je vais prendre le gilet jaune et la frontale.

Go Hardie, Goooo !


On commence par longer le lac de Sainte-Croix. Magnifique bleu émeraude, finalement assez différent du - tout aussi beau - bleu du lac d'Annecy. Et la montée commence enfin.

J'ai choisi de faire le tour des gorges du Verdon dans le sens des aiguilles d'une montre (Non Colette. Dans l'autre sens !), afin d'avoir les gorges sur ma droite, et donc, circulation française côté droit oblige, pour être au plus près du vide. J'ai regretté cette décision à un seul moment. Quand je suis tombée sur une route en sens unique... mais dans le sens inverse du mien. Et c'est bien dommage, car on parle d'une portion d'une quinzaine de kilomètres, dont un dénivelé très important. Je me renseigne auprès de cyclistes, et on m'assure que la route en sens unique n'est pas moins large que celle à double sens, et que vu le peu de trafic, j'entendrai les voitures si jamais je dois me mettre sur le côté. Alors c'est parti. Allons-y pour la fraude ! (Oui, ben j'ai pas l'habitude de frauder, moi ! Ça me fait tout chose !)


Je passe rapidement sur les vues magnifiques de cette journée. Les photos sont là pour ça. Mais chaque belvédère est fantastique, et il m'est difficile de restreindre mes temps de pause photo. Il faut que je garde en tête que la journée est longue... Mais quand même ! WAOUH, quoi !


Je suis au point culminant de la balade quand la pluie commence à tomber. Alors celle-là, je l'avais pas vu venir. La météo était censée être au top, de qui se moque-t-on ?! J'ai même pas pris d'affaires de pluie en dehors de ma veste en plus... Bon... Les gouttes continuent leur course folle, et Hardie et moi continuons d'avancer. Ah ! Ça y est, je sens que les chaussettes sont atteintes ! Et je n'arrive pas à m'enlever du crâne l'image de mon linge étendu, qui sera à nouveau trempé à mon retour... Super opération !


Une heure plus tard, la pluie s'arrête comme elle était venue. Grand ciel bleu. C'est reparti comme en 40 ! Le pantalon et la veste sèchent rapidement. Pas les chaussettes, bien sûr, vu qu'elles sont dans les chaussures... C'est dommage, je terminais à peine mon rhume, et voilà que je risque de remettre ça !


Je commence à faire mes petits calculs. Si je veux arriver avant la nuit, il ne faut pas trainer. Il me reste 60 km. J'ai beau être quasiment à vide, je n'ai jamais été une rapide. J'espère que les vues seront moches sur la rive gauche des gorges. Sinon, je vais faire plein de pauses photos qui vont me mettre dedans !


Comme tu t'en doutes, la rive gauche était superbe. Je finirai donc ma journée à 21h15, à la nuit presque noire ! Je me félicite d'avoir amené mon gilet jaune ce matin ! L'œil nyctalope (super efficace) de Hardie et sa lumière rouge à l'arrière (super efficace aussi !) ont fait le reste. Et puis pour les deux voitures qu'on a croisé, on ne peut pas dire qu'on se soit mises en danger !


Un panneau nous avait annoncé une nécessaire prudence, due à la traversée possible de cerfs, ou autres biches ou chevreuils. Je suis dans mes pensées à rêver d'en croiser quand... AAAAAAAaaah ! Freiiine Hardiiie ! Aussi fort que t'es jauuune ! Le freinage devient dérapage, mais on parvient à éviter le sanglier... qui a eu encore plus peur que nous, ce qui m'arrange bien !


Les gorges se terminent enfin, la descente aussi, le camping est en vue. J'attache Hardie et rentre mon matériel dans la tente. Je soupèse mes gourdes. Après 113 km et 2500 m de dénivelé (si tu ne fais pas de vélo, sache que c'est une très grosse journée), je n'ai même pas bu mon litre et demi. Encore une fois, je mérite bien mon surnom de chameau... !

Et le linge ? Il est sec !