En ce jour de muguet, je sens rapidement que la journée va être mal gérée. Et j'aime pas trop les journées mal gérées, moi... Une journée mal gérée, qu'est-ce que c'est ? C'est quand tu pars du camping en fin de matinée, que tu commences par visiter la ville dans laquelle tu as dormi, que finalement tu y passes ta pause déjeuner, et que l'après-midi tu dois réduire ton programme drastiquement parce que - bah forcément ! - ça ne passe plus, les 80 km prévus...


Alors oui, bon, en arrivant hier soir à 19h au camping, avec l'établissement du campement, la douche, la lessive, le coup de fil à ma moitié, le repas, le traçage du parcours du jour, le choix des photos et des textes associés et la mise en ligne de tout ça... il était déjà fort tard. En me couchant, je savais donc que ma matinée du 1er mai allait débuter par la réflexion sur le programme du jour. Et puis quand même, ça fait bientôt une semaine que je n'ai pas fait de mail d'alerte abonnés ni de post facebook, ça serait bien que je m'y colle. En plus, j'aimerais bien lancer cette idée de lettre d'info* inversée. Et là, je ne peux plus vraiment retarder le moment...


Donc voilà. Ma matinée partait déjà plombée. Je finis par terminer toutes ces activités, et défais le campement. Ce soir, je serai à Apt !


Une fois prête à partir, je reçois un sms de Sébi, un copain doubiste. "Je vais à Forcalquier ce soir ^^ J'y travaille demain Tu y es aujourd'hui non ?"

Mais géniaaal ! 🤩 ... Mais non, trop nul en fait 🥺, je quitte Forcalquier et vais vers l'ouest. Ça ne sera plus sur sa route...

Après échanges, c'est d'autant plus compliqué qu'il doit être à 20h30 à son hôtel, et qu'il n'a pas tant de marge que ça. Boire un coup, ça passe large, mais pas si je suis à 40 km.


Bref, j'abandonne l'idée de le croiser et me lance dans la visite de Forcalquier. Puis de Mane. Puis je pique-nique au prieuré de Salagon. Ouahou, super. Il est bientôt 14h, j'ai fait 5 km. C'est bien ce que je disais : c'est une journée mal gérée. Et qui dit journée mal gérée dit... on réévalue le trajet de la journée (et on perd encore du temps !). Ok. Donc on oublie Apt, et on réduit le parcours à Rustrel. En ne m'arrêtant pas dans tous les villages traversés, on arrivera avant la fermeture du camping.


Go ! Pont des trois arches ? Je m'arrête pas ! ... Oui, mais je le vois un peu depuis la route et il est beau ! ... Bon, on s'arrête, mais vite, alors ! Château de Saran ? On s'arrête pas ! Saint-Michel-l'Observatoire ? Mon parcours fait un crochet spécialement, on va quand même s'arrêter, non ? Bon, d'accord, mais vite, alors ! Église Notre-Dame ? On la voit pas depuis la route, on oublie. Reillanne ? Là encore, mon parcours fait un crochet spécialement. Et puis c'est la ville de vacances de mon collègue Mathieu en plus (humour de vkgiste !), c'est un passage obligé ! Bon, d'accord... mais vite, alors !


C'est là que j'échange à nouveau avec Sébi. Il a regardé où était Apt, et il y passe dans deux heures, c'est sur son parcours. Ah ! ... Mais je vais plus à Apt, du coup ! Et puis vu le parcours prévu (qui passe par le village de "Viens", et moi quand on m'ordonne de venir... ben je viens !) est encore long pour aujourd'hui, et je ne suis pas sûre d'arriver à temps pour le camping et... Et puis en fait, quel est le problème ? Est-ce que je préfère passer du temps avec un ami, ou bien faire la course pour arriver à temps dans un camping en conservant mon parcours ? ... Eh bien c'est vite vu. Nouveau changement de programme. J'oublie les petites routes. Je prends la grosse route. Ce soir, je dors à Apt. J'y suis dans 20 km.


Sur la route, j'avance bien. Bon, déjà parce que ça descend ! Mais aussi parce que j'ai ce poids en moins. J'ai un peu de marge, et je ne devrais pas le faire attendre. Chemin faisant, j'ai même le temps de discuter. Avec ces trois dames au pont romain de Céreste. Avec cet homme qui répare sa roue crevée sur la piste cyclable du Calavon. Puis à Apt, avec Sébi que je n'avais pas vu depuis deux ans. Et qui, sa réservation d'hôtel n'ayant pas fonctionné, se retrouve à avoir du temps libre pour un verre... plus un resto !


Au cours de ces discussions, je prends conscience que certaines personnes arrivent à transformer leur rêve en projet. Souvent, il suffit de fixer une date... Cet homme changeant sa chambre à air est passé à la dizaine supérieure en septembre dernier. Il a dit à ses amis : Pour mes 60 ans, je grimpe le Kilimandjaro ! Voilà. Date fixée, il s'entraîne et il va le tenter. Sa belle-fille ? Elle part en juillet pour un tour du monde d'un an et demi à vélo. Date fixée, elle va le faire. Sébi ? Projet de tour du monde sac au dos avec son homme. Date fixée. Ils y travaillent déjà.

...

Et toi, tes rêves, tu les fixes à quelle date ?




* "Lettre d'info" pour ne pas dire "newsletter", car ma mienne Môman, qui est aussi ma première lectrice, me renierait dans l'instant si j'osais utiliser un tel anglicisme !