Vous n'avez pas peur ?

Ça, c'est une question qui revient régulièrement durant les quelques minutes que durent la plupart de mes échanges avec les passants curieux. Et donc, euh... ben... peur de quoi ?! Des gens, me répondent les uns. D'un prédateur sexuel me répond un autre.

Ah, ça ! Non, non, j'ai pas peur, non. Je pars du principe que tout le monde est sympa et digne de confiance. Et si je croise quelqu'un qui ne validerait pas cette théorie... eh bien c'est pas de chance !

Un peu comme le fait de se déplacer dans sa maison. On part du principe que tout va bien se passer (logique !). Et si finalement on se cogne le petit orteil contre la porte, ou le tibia contre la barre centrale de la table... ben pas d'bol ! Ça peut arriver. C'est improbable, mais ça peut. Mais c'est pas pour ça qu'il faut arrêter de bouger, ou avoir peur en permanence.

Me voilà devant l'église de Secondigné-sur-Belle, en train de vérifier pour la vingtième fois la météo de la journée, de la nuit, et du jour prochain. Bon, a priori, il va flotter cette nuit et en tout début de matinée demain. Pour la deuxième fois de ce périple, je me décide à passer la nuit au sec dans un hôtel. Ou une chambre d'hôte, ou un gîte d'étape, ou quoi que ce soit d'autre qui soit dans un budget raisonnable et qui ne m'oblige pas à plier ma tente sous la pluie.

Je fais donc des recherches sur internet, par rapport à mon itinétaire. Pas grand chose... Oulaaa, 120€ la nuit ! Ah nan, jamais ! ... 127€, non plus... 112€, guère mieux... (Je ne suis pas très douée en recherches sur internet...). En testant une autre méthode de recherche, je tombe sur deux hôtels dans un budget de 50/60€ beaucoup plus acceptable, et assez bien situés par rapport à mon trajet. Allooooo ? 😊 Complet ? 😕 Ok. / Allooooo ? 😊 Complet ? 🥺 Ok.....

Retour au point de départ.

Je tombe sur un camping... qui propose un dortoir ! Jackpot ! C'est pour Bibi, ça ! Allooooo ? 😊 Complet ? 😭 Ok..... "Non, mais venez quand même, on s'arrangera, j'ai aussi des caravanes." Toute à ma joie d'avoir enfin résolu le problème, je raccroche. Zut et flûte, j'ai oublié de lui demander le prix. Bon, je vais pas le rappeler pour ça, on verra bien ce soir. Et puis si c'est trop cher, ça m'apprendra à mieux faire la prochaine fois.

Une heure pour trouver un logement, c'est long. Mais comme on dit : Ça, c'est fait !

J'arrive à Melle et décide qu'un petit resto me fera le plus grand bien. Hardie se gare sur une place de la ville quand un couple vient nous parler. Lui a une paire de lunettes qui est - au sens propre du mot - inoubliable ! Chaque verre prend la forme d'une main faisant un signe particulier (allez, je t'aide un peu ! Les verres ressemblent à ça : 🤘🖕). On parle quelques minutes, et ma théorie des gens bons ne semble pas si mauvaise. De quoi devrais-je avoir peur ? Les personnes qui viennent me parler sont toujours bien intentionnées.

Je m'éclipse vers une pizzeria... À la fin du repas, je consulte les derniers commentaires sur Travelmap. Ah, tiens ! Un message privé de "Hélène et Bruno". Mais qui sont-ce donc ? Ah ! Le couple à lunettes que j'ai croisé il y a une heure ! Le message est rigolo, et se termine par un très sympathique : "Si votre périple vous porte jusqu’en pays Arrageois, le gîte et le couvert vous seront d’ores et deja assurés ! Foi et parole de ch’ti !!" Eh ben ! Ils ont déjà pris le temps de faire un tour sur le site ? Ils n'ont pas traîné ! Et puis encore une fois, le genre humain m'a l'air plutôt bon !

Nous reprenons la route avec Hardie, après une visite des mines d'argent de Melle. Exploitées entre 600 et 1000, du temps des rois Francs (Dagobert, Charlemagne...) pour fabriquer de la monnaie (parce que les mines d'or commencent à être rares), elles tombent dans l'oubli durant plusieurs siècles, jusqu'à être redécouvertes il n'y a pas si longtemps par des entrepreneurs souhaitant extraire la pierre. La visite m'en fait apprendre plus sur les méthodes d'extraction du minerai, les techniques pour en séparer l'argent, puis celles pour battre monnaie. Me voilà dorénavant moins ignare sur la question !

Bref, qu'est-ce que je disais, déjà ? Ah oui. Nous reprenons donc la route avec Hardie, et finissons par arriver au Domaine de la Fortranche, à Exireuil.

Nous sommes accueillies par Michel, le gérant de ce camping qui dispose aussi d'un gîte, d'un dortoir, de salles de réception pour les fêtes/mariages... Je suis tout de suite mise à l'aise. Un premier sirop. Une séance papotage avec Michel et deux amies venues en repérage pour le côté déco d'un mariage ayant lieu sous peu dans ces salles. Puis un second sirop. Encore du papotage. Qu'est-ce qu'on est bien, ici !

Michel me montre ensuite les lieux. Là, tu peux prendre ta douche. Les toilettes sont ici. Pendant ce temps, je vais préparer ton lit.

Je constate qu'il a ouvert le gîte rien que pour moi ! Ma douche prise, je le rejoins dans la salle principale du gîte. N'hésite pas à utiliser la cuisine. D'ailleurs, tiens, je t'ai sorti des haricots ou des mojettes, comme tu préfères. Et puis là, tu as les œufs de mes poules. Si tu veux te préparer des œufs, même pour demain, des œufs durs par exemple, vraiment, n'hésite pas. (J'ouvre des grands yeux ronds devant tant de gentillesse, et commence à protester... Mais ce n'est pas fini !) Et dans le frigo, je t'ai mis au frais une bouteille de jus de pommes. Il vient de chez moi, celui-là. Ah ! Et aussi une boîte de rillettes de poulet au piment d'espelette. C'est mon boucher qui les fait, tu verras, elles sont excellentes. (Mais, mais... C'est que je ne sais plus quoi dire, moi !) Et ce que tu ne finis pas, tu l'emportes avec toi sur la route demain, hein !

Voilà. Donc ça, c'est Michel ! Je ne sais pas comment le remercier, et dois certainement bredouiller des mercis et des c'est vraiment gentil, en ouvrant toujours de grands yeux ronds. Alors qu'il s'éclipse pour la soirée, je le retiens juste à temps. Est-ce que je vous paye ce soir, ou demain matin ? ... Ah, mais non, c'est cadeau ! Ça me fait plaisir de t'avoir ce soir, tu es mon invitée.

...

Je disais ? Voilà... Donc ça c'est Michel !

Et demain ? Je suis accueillie par Marie-Christine et Philippe, un couple rencontré sur une place de village dans le Var, qui m'avait spontanément proposé un hébergement si nos roues nous amenaient dans les Deux-Sèvres.

Ma théorie des gens bons n'a vraiment pas l'air si mauvaise !