C'est avec Léo et Morgan que je commence ma journée vélocipédique. J'essaie vaillamment de les suivre dans le col de Bluffy (639 m), mais ma vaillance me lâche rapidement, et je repasse en mode "Tranquille Emile" ! Elles sont bien meilleures que moi, et j'ai une longue et dure journée qui m'attend ! Morgan me rassure, compatissante : "Oui, mais ton vélo est plus lourd que les nôtres." Euh... oui, certes, mais je peux pas tout mettre sur le dos de Hardie ! Mes gros mollets et mon p'tit cœur ne font pas le poids !


Les filles m'attendent en haut du deuxième col de la journée : le col de la Forclaz (1150 m). Posées sur une table, en plein soleil, en train de profiter d'une crêpe et d'une boisson chaude, je n'ose pas leur demander depuis combien de temps elles sont là ! Mais en tout cas, c'est bien gentil. Parce qu'à 3°C, elles auraient pu redescendre aussi sec ! Elles attendent même que je commande et déguste ma crêpe, pour faire la descente ensemble... Et là, c'est le moment redouté du grelotage. Pas tant pour moi qui, dans mes sacoches, avait prévu de quoi m'équiper pour la descente. Mais je les plains !

Alors que nous sommes à l'extrémité sud du lac d'Annecy, elles rentrent comme prévu au bercail, tandis que je poursuis sur Faverges, pour me restaurer dans un resto (comme son nom l'indique...).


Le repas se passe bien, mais je commence à piquer sérieusement du nez. La patronne avait l'air sympa, j'aimerais bien lui demander si je peux me mettre dans un coin pour faire une sieste d'un quart d'heure...

J'ose ? J'ose pas ?

...

J'ose pas. Allez, ça me passera ! Enfin j'espère, parce que les températures sont trop fraiches pour faire une sieste dans un champ.


J'entame l'après-midi avec l'envie de voir si le col de l'Arpettaz (qui se prononce "Arpette") est ouvert, aussi tôt dans l'année. Je commence à grimper. Et en plein milieu d'une zone habitée...

Ouh la...

...

Ouuuulala...

...

Ouh lalalalalala....

...

J'ose ? J'ose pas ?

...

Pas le choix, il faut que j'ose...

"Bonjour, excusez-moi... Je suis désolée de vous demander ça, c'est gênant... Mais j'ai des maux de ventre terribles. Est-ce qu'il serait possible que j'utilise vos toilettes, s'il-vous-plait ?"

Mes sauveurs ont même la délicatesse de s'absenter pendant ma présence dans la petite pièce du fond. 😅


Alors que j'apprends la chanson "Libérée, délivrée" à Hardie, un automobiliste m'informe que la route est déneigée jusqu'à la Méruz seulement (qui se prononce "Méru"). Je n'irai donc pas jusqu'au col aujourd'hui.

Forte de cette information, Hardie change de chansonnette. Mais je sais pas si j'ose vous dire sur quoi elle est passée...

J'ose ? J'ose pas ?

...

Allez, j'ose ! Maintenant que vous maîtrisez la prononciation d'Arpettaz et de Méruz...

♬ Arpettaz, Arpettaz, montre-moi ta tête !

Méruz, Méruz, montre-moi ton [AUTOCENSURE]

Non, finalement, j'ose pas !


Le cul de sac atteint (1330 m), nous redescendons dans la vallée, et suivons l'Arly jusqu'à Albertville. Dans l'hôtel, je m'écroule sur le matelas en me disant que la journée de demain devrait être plus facile...