Je mets plus de temps que prévu pour quitter ce camping à la ferme. Pas tant que j'aie été lente à replier la tente et ranger mes affaires dans les bonnes sacoches, mais je voulais discuter avec la propriétaire de la spécificité de son camping : il est "déconnecté". C'est-à-dire qu'il nous est demandé, dès l'entrée sur les lieux, de couper notre téléphone et tous nos appareils électroniques. Un banc a été installé à la limite extérieure du camping pour les impatients, qui souhaiteraient se reconnecter ! ... Ce que j'ai d'ailleurs fait pour me connecter sur TravelMap, pour étudier le parcours du jour suivant, pour essayer de joindre ma moitié... Bref, le banc m'a bien été utile !

Eh bien ce concept de camping déconnecté a débuté il y a une dizaine d'années, quand à la cinquantaine, la patronne s'est découverte électrohypersensible. Sa santé se dégradait, mais tous les examens médicaux étaient bons. C'est en discutant avec une cliente ayant les mêmes symptômes qu'elle a envisagé l'hypothèse de l'électrosensibilité, c'est-à-dire une réaction néfaste de son corps aux ondes électromagnétiques. Les adaptations du camping se sont révélées payantes... mais pas suffisantes. Elle a mis des années avant de passer à la solution radicale : éviter sans exception "l'extérieur". En même temps, vu son activité de maraîchage et de tenante du camping, elle est peut-être recluse, mais fort active ! Depuis, ça va beaucoup mieux. Il faut dire que les effets des ondes sont quasi-immédiats. Au bout de cinq minutes à parler avec quelqu'un qui n'aurait pas éteint son portable, elle commence à avoir des douleurs d'estomac. Durant une réunion publique en ville (grosse exposition aux ondes), elle avait même perdu l'usage de ses jambes... en deux heures de présence.

Un domaine que je ne connaissais pas du tout, et qu'il était très intéressant d'aborder avec elle.


Je la quitte et poursuis sur la visite de Crest, petite ville drômoise dominée par la tour la plus haute de France, donjon de 52 m de hauteur. Si la tour est impressionnante, de loin comme de proche, j'ai aussi beaucoup apprécié la ville et ses ruelles étroites.


J'ai retrouvé la même ambiance de petites ruelles en pierres à Cobonne, quelques kilomètres plus loin. En bien plus petit, mais aussi en bien plus typique ! Je suis étonnée que ce village ne soit pas indiqué comme un indispensable du tourisme local.

Pour moi, ç'a été un coup de cœur. J'étais sortie de mon parcours pour voir la "porte de la Herse", indiquée comme lieu d'intérêt sur ma carte IGN. Mais c'est bien plus qu'une porte, que j'ai trouvé en haut de cette fameuse côte à 16% ! C'est un donjon, des murailles encore conservées, et de magnifiques ruelles dont j'ai déjà parlé. Le tout impeccablement tenu par les propriétaires, avec de jolis jardins fleuris... Franchement, j'aurais loupé quelque chose en ne faisant pas mon détour.


Le reste du parcours vers Die est également magnifique. Petites routes. Peu de voitures (pour ne pas dire "pas"). Belles vues. Un seul regret : devoir raccourcir un peu le parcours prévu pour arriver à une heure décente chez mes hôtes Warmshowers de ce soir.


Afin d'éviter une "grosse rouge" synonyme à mes yeux de beaucoup de trafic routier, je me risque à emprunter un chemin sur trois kilomètres. Seule alternative à ma grosse route, je circule au nord de la Drôme (le cours d'eau) tandis que l'autre route est au sud. Bon... Vu le peu de voitures que je voyais côté sud, j'aurais sans aucun doute pu y circuler sans risque pour ma sécurité ! Je commence à me rendre compte du facteur variable d'appréciation de ces "routes rouges". Dans un département peu peuplé, elle indique uniquement une route principale... ce qui n'implique pas forcément un trafic important. A prendre en compte pour les prochains mois, donc !


Ce soir, je suis accueillie dans la maison de ville à cinq niveaux (!) d'Alejandra et Benjamin, et leurs fils Antoine et Gabriel. Cette famille est épatante. Mon petit tour de France à bicyclette fait office de hors d'oeuvre comparé à leurs bourlingages ! Accueillants, intéressants, ils m'ont même accordé l'honneur de jouer... la première partie de Papayoo du voyage !