Laurène - Photo du jour n° 9 :

Détruite durant les guerres de religion, il en reste quelques belles pierres...


Gomi - écrivain plus rapide que son ombre

Chouette période que cette guerre de religion. Au début du XIIIe siècle, la « Croisade contre les Albigeois », main de Dieu contre le mal qu'étaient les Cathares a légèrement ravagé la région. Le Catharisme est une branche déviée du christianisme, « déviante » principalement pour sa croyance en la réincarnation, ce qui était diabolique aux yeux du Pape qui a appelé à leur extermination. Il faut le comprendre, imaginer qu'il serait un jour réincarné en « chaton mignon qui fait coucou dans un panier » et affiché à la vue de tous sous la forme d'un GIF sur internet, ça en aurait fait péter une durite à plus d'un.


Au delà du cri de ralliement des croisés depuis la première croisade en terre sainte, « Deus vult ! » (Dieu le veut !), les guerriers saints ont ici innové en terme de justification des dommages collatéraux, puisque à un soldat lui ayant demandé comment reconnaître un hérétique d'un bon chrétien, l'un des meneurs de la croisade aurait répondu « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Autant dire que la démographie du coin en a pris un sacré coup, tous les habitants étant passés au fil de l'épée, de la lance ou de tout autre objet tranchant, perçant ou contondant permettant de faire spirituellement passer son prochain de vie à Paradis ou Enfer, évidemment pour son bien.


Cette croisade a accessoirement permis au nouveau Roy de France de l'époque de récupérer les terres du Comte de Toulouse et d'ainsi pratiquement encercler les terres de Guyenne encore aux mains de la maison Plantagenêt de la perfide Albion. Annexion aisée, puisque Raymond VI de Toulouse avait été tué devant Muret avec son protecteur le Roy d'Aragon, Roy espagnol qu'on peut difficilement qualifier de mauvais chrétien, puisqu'il est l'un des artisans de la victoire de Las Navas de Tolosa en 1212 contre les Sarrasins, dernière étape décisive de la Reconquista. On peut espérer pour lui que Dieu l'aura bien reconnu. Un peu plus d'un siècle plus tard, l'éloignement de ces terres de Paris fera les choux gras du Prince Noir, puisqu'il ravagera à nouveau la région lors de ses chevauchées pillardes du début de la guerre de Cent ans.


Puisque vivre dans le coin en paix, c'était chiant, la région a donc aussi été le théâtre de violents affrontements entre catholiques et huguenots lors des guerres de religion du XVIe siècle, avec des épisodes dignes de la Saint Barthélémy, dans un sens comme dans l'autre, à Castres, Albi, Toulouse et ailleurs. L’occitanie, c'est vraiment un chouette coin pour le repos spirituel.


Cinq siècles plus tard, les mœurs se sont beaucoup adoucies, puisque en 2022 une chaîne d'informations en continu agite les esprits sur la guerre actuelle entre le Bien et le Mal, qu'il faut « exterminer ». Vivement la prochaine croisade, qu'on se marre un peu !


Gérard - català rebel

Texte toujours aussi enlevé pour raconter gaiment une histoire de France compliquée. Je ferai cependant une petite remarque qui touche ma sensibilité de catalan. A la suite du mariage de Raymond-Béranger IV, comte de Barcelone, avec Pétronille, fille de Ramire II, roi d'Aragon, celui-ci confia le pouvoir à son gendre tout en gardant son titre de roi. C'est le fils de Raymond-Béranger IV, Alphonse II ,qui devint roi d'Aragon.

Il s'ensuivit toute une dynastie de comtes de Barcelone qui régna sur l'Aragon.

Le roi d'Aragon dont parle Gomi était Pierre II "Le Catholique", fils d'Alphonse II. Tout ça pour dire que le roi d'Aragon n'était pas espagnol mais catalan et que les catalans ont toujours eu des affinités avec les français mais pas avec les castillans ou les andalous (au point d'appeler Louis XIII à leur secours en 1640).


Gomi - écrivain plus rapide que son ombre

Mea culpa ! J'admets totalement avoir raté cette « petite subtilité régionale », d'autant que j'avais en tête Saragosse pour centre de gravité de l'Aragon, alors que ce n'était plus le cas à ce moment : la capitale devient Barcelone après que les comtés catalans ont hérité de la couronne d'Aragon.