Mon premier choc linguistique

J'attendais de ce périple à travers la France qu'il me fasse découvrir la diversité des accents français. Ma famille maternelle venant du sud, je pensais maîtriser parfaitement la compréhension de l'accent méridional. Et c'est pourtant cet accent qui est à l'origine de mon premier choc linguistique ! Après moins d'une semaine de voyage !

Je suis chez Sandrine et Greg, et après avoir dégusté un bon poulet tikka massala, Nous discutons tri sélectif. Et ça donne à peu près ça :

- On met tout ce qui est reyclable dans ce sac, puis à l'extérieur on trie dans les bons bacs. Donc les papiers, les cartons, les peaux d'sauc', tout ça...

- (moi, ouvrant grand les yeux) Les peaux d'sauc' ? Vous triez les peaux d'sauc' ?

- (devant l'évidence) Ben oui. On les met aussi dans le sac de tri, puis on le jette dans le bon bac.

- (dubitative) Mais... vous jetez ça dans quel bac ??

- Ben le verre !

- (ouvrant encore plus grand les yeux) Les peaux de sauc' ?? Avec le verre ???

- ...

- ...

- Je crois qu'on se comprend pas, là... Tout à l'heure, on a mangé du tikka massala ?

- Oui... (mais je ne vois pas le rapport...)

- La sauce était dans un pot... ?

- ... Oh punaise... Le pot d'sauce... C'est bon, je l'ai !

[Si tu es du sud, tu ne comprendras pas comment j'ai pu avoir ce moment d'errement, alors je t'explique : Pour moi, il y a deux prononciations au O. Le sauc' de saucisson est un O ouvert, tandis que le O de sauce est un O fermé.]


Le sopalin perpignanais

Durant ce voyage, il est régulièrement arrivé que mes hôtes me fournissent des victuailles au moment du départ. En quittant Perpignan, Angeline m'avait donc gâtée, mais tenait absolument à me refourguer en supplément des montagnes de sopalin !

- Non mais vraiment, j'en ai pas besoin !

- Mais ça peut toujours servir.

- Oui, c'est vrai, mais j'ai déjà une serviette en papier, et puis je fais régulièrement des restaurants, donc j'aurai la possibilité de la changer de temps en temps.

- (découpant plusieurs morceaux de sopalin) Non, mais vraiment, ça peut toujours servir !

- Tu sais, j'essaie de limiter au maximum le contenu de mes bagages... Bon, ok pour une feuille, alors...

- (me refilant cinq ou six feuilles) Tu verras, ça va te servir !


Le jour même, après une journée harassante à lutter contre le vent, j'arrive au camping à 20h30, la nuit commence à tomber. Une bonne nuit de sommeil plus tard et...

"Quoi ???! Vous êtes sérieux, là ? Hardie, tu peux m'expliquer ?"

Hardie fait la sourde oreille en regardant le sol.

La tente est crépie de fientes d'oiseaux. Mais pas n'importe quelles fientes. Des fientes de compèt'. Du gros calibre. Plus d'une dizaine.

"Hardie... ?"

Je ne saurai jamais ce qu'Hardie a fait pour que les oiseaux s'en prennent comme ça à ma tente. Mais force est de constater... que les feuilles de sopalin d'Angeline m'ont bien servi !!

Depuis ce jour de mai, j'évite autant que possible d'installer ma tente sous un arbre...


Les chaussettes - Partie 1 - Gauche et droite

L'instruction de Hardie avance pas à pas. Aujourd'hui, on révise la gauche et la droite.

"Tu vois Hardie, c'est facile. Ma chaussette gauche, c'est celle qui a le trou à droite. Et ma chaussette droite, c'est celle qui a le trou à gauche !"


Les chaussettes - Partie 2 - Un peu de bon sens, que diantre !

Fin août, alors que Vincent constate l'état de délabrement de mes chaussettes, je me sens obligée de me justifier.

- En fait, elles ont toujours été trop petites. Je fais du 39, et j'avais le choix entre des chaussettes en 36-39, ou en 39-42. Comme j'avais déjà eu l'expérience des chaussettes trop grandes qui plissaient et me faisaient des ampoules, j'ai choisi les 36-39... Bon ben... Trop petites... D'où les trous... (pas fière) Et comme les trous sont là depuis quelques temps, ils sont de plus en plus gros... et mes pouces se font la malle, maintenant...

- Mais pourquoi tu n'échanges pas tes chaussettes ?

- C'est-à-dire ?

- Ben... Échanger tes chaussettes gauche et droite. Le trou à gauche se retrouvera sur la chaussette de gauche, et le trou à droite sur la chaussette de droite. Et tes pouces de pieds resteront au chaud...

- Pourquoi je ne le fais pas ? ... Mais parce que c'est écrit L et R sur mes chaussettes...

- ...

- Nan, mais t'as raison, c'est con...

Depuis ce jour béni, mes gros doigts de pieds ont pu retrouver le confort de chaussettes (presque) neuves !


Les chaussettes - Partie 3 - Quand les conseils ne fonctionnent pas pour tous

Quand Gomi voit les trous à mes chaussettes, il me demande si je veux du fil et une aiguille.

(ne voulant pas lui avouer que je ne suis pas franchement la reine de la couture) "Non, mais je ne vais pas prendre la peine de les rafistoler. De toutes façons, les chaussettes sont trop petites, donc d'ici peu de temps, j'aurai de nouveaux trous aux pouces..."

Et là, je lui explique de qui me vient la méthode (pourtant évidente !), sur le fait d'échanger les chaussettes.

- Révolutionnaire !

- (pas convaincu) Mouais... J'ai déjà testé... Le problème, c'est que chez moi, les trous apparaissent au milieu. Donc j'ai beau les échanger... ça ne règle pas franchement le dilemme...

- ... Non mais, le fil et l'aiguille, c'est pas mal, quand même !


Les chaussettes - Partie 4 - Quand c'est vraiment plus possible...

J'arrive chez Corinne et enlève mes chaussures pour rentrer dans la maison. Il parait que ça se fait... Malheur, ce sont mes chaussettes à trous... Et puis là, ce n'est plus UN trou par chaussette, que j'ai. Les pouces ont décidé de forcer à nouveau le passage (ben oui, je t'avais prévenu, les chaussettes sont trop petites...) Et puis les talons... franchement... il n'y a pas de trou, mais c'est aussi transparent qu'un voile de mariée... Juste un peu moins classe.


Le lendemain, Corinne et David m'offriront une paire de chaussettes... La paire de chaussettes à trous finira dans une boîte Relais.

Moi, honte ? ... À peine ! 😁


La statue de la liberté

Début avril, j'étais passée par Roybon en Isère, et n'avais appris que trop tard que le village possédait un exemplaire de la statue de la liberté.

Fin octobre, ayant la possibilité de REpasser à Roybon, je fais un arrêt sur la place centrale du village.

Un homme à sa fenêtre me demande :

- Vous savez elle est en quoi, la statue de la liberté ?

- Euh... En fonte, j'imagine ? ... Non ?

- (rigolard) ... Le bras... Elle étend le bras !


Bon, ben forcément, la blague rend mieux à l'oral. Mais moi, ça m'a bien fait rire !


Alerte moustiques !

C'est quand même dingue, ça ! Quasiment pas de piqûres de moustiques durant tout l'été (à moins que je ne m'en souvienne pas ?), et voilà que je collectionne les boutons qui démangent en cette dernière semaine d'octobre ! Ont-ils bien saisi la saison à laquelle ils étaient censés bosser ? En tout cas, mes demi-jambes sont couvertes de petites zones rouges, que je m'efforce de gratter pour conserver un maximum de cicatrices de guerre...


Remarque, ça a beau me gratter à tout moment du jour et de la nuit, ça ne sera jamais pire que ces piqûres d'aoutats récoltées mi-septembre ! Un instant d'inattention dans les herbes folles et hop ! C'est le début d'une péniple semaine de démangeaisons. Le côté chic, c'est que les aoutats ont des zones de prédilection... toutes les zones qui sont gênantes à gratter ! Sous les élastiques du soutien-gorge et de la culotte ? Ils en raffolent ! Les aisselles ? C'est le pied ! Et les pieds, justement ? Ah, ça, c'est le kiff total !

En plus, les aoutats, c'est loin d'être des faignasses ! Quand ils ont trouvé une zone à leur convenance, ils ne font pas une piqûre... mais plutôt cinq à dix.

En fait, le seul avantage des aoutats sur les moustiques, c'est qu'on ne les entend pas. Ça évite ces moments où tu rallumes la lumière la nuit pour occire l'indésirable émetteur de ce "zzzz" caractéristique d'une piqûre prochaine.


Je remercie donc Marine pour cette découverte. Car maintenant que les crises de grattages sont derrière moi, je me marre bien d'entendre les récits des "novices" en la matière !


Ce qui ne va pas me manquer au retour

Le contenu des sacoches pour un voyage à vélo est étudié à la loupe. Il faut avoir tout le nécessaire pour être autonome, mais savoir également se limiter en poids et en volume, et prévenir les possibles "accidents".

Des exemples d'accident ? Pour la nourriture par exemple. Ne jamais acheter de poire, si ce n'est pour la manger dans les 20 minutes. Sinon, tu vas avoir du jus de poire dans tes sacoches... Idem pour pas mal de fruits.

Un autre exemple, c'est le contenu de la trousse de toilette. Je souhaitais amener un petit ciseau. Mais attention ! Un ciseau, c'est pointu. Et à force d'être trimballé, ça risque de provoquer un trou dans la trousse de toilette... J'ai donc opté pour un ciseau plié. Le manche se replie sur la pointe, ce qui permet de la cacher, et donc d'éviter une possible catastrophe.

Mais s'il y a un accessoire de toilette qui vaut le coup de faire varier ses habitudes, c'est bien le savon ! En temps normal, j'utilise du savon liquide. Le problème du shampoing et du gel douche en flacon est double : il prend de la place, et il y a un risque de coulure dans le sac. (Ça m'est arrivé pour le tube de Biaphine, ce n'est pas le meilleur moment du voyage...). Alors tout naturellement, je me suis tournée vers le savon de Marseille solide. Et franchement, c'est LA solution durant les voyages à vélo : il remplace tout à la fois le gel douche, le shampoing, le liquide vaisselle et la lessive. Le problème... c'est que je ne suis pas très agile de mes mains. Et qu'à chaque douche, j'arrive à faire tomber deux à trois fois le savon. C'est qu'elle glisse, cette bêbête ! À croire qu'elle n'est bien que sur le sol. Oui, mais moi, ça a tendance à me crisper la première fois, à me chauffer la seconde, et à me faire franchement râler à partir de la troisième ! Le summum de l'énervement est arrivé fin septembre, lorsque le savon s'est fait la malle dans la cabine de douche d'à côté... Loin... Beaucoup trop loin. Et pas d'autre visiteur dans les sanitaires pour me donner un coup de main.

Trois solutions :

1. Rincer ce qui est déjà savonné, me sécher, m'habiller sommairement, et aller récupérer cette maudite savonnette dans la cabine voisine, avant de retourner sous la douche, pour enfin terminer mes affaires en utilisant une serviette déjà trempée (nota : j'ai horreur d'utiliser une serviette déjà trempée)

2. Me coller le corps et la face au sol pour avoir le bras assez long pour récupérer la maudite savonnette (nota : j'ai un profond dégoût pour le sol des douches de camping, même après y avoir passé la raclette avec beaucoup d'insistance)

3. Sortir nue de la cabine de douche pour aller récupérer la maudite savonnette en croisant les doigts pour que personne n'apparaisse à ce moment-là, et reprendre le cours des opérations (nota : j'ai toujours ce profond dégoût pour le sol des douches - et encore plus pour le sol des couloirs des sanitaires)

...

Hi hi ! Allez, tiens, je te laisse avec ces trois options, sans te révéler quel a été mon choix !


Ce qui ne va pas (non plus) me manquer au retour

Mes premières centaines de kilomètres avec Hardie, début février, ma gourde blanche et rouge jurait avec l'élégante bicyclette. Non, vraiment, ça ne se fait pas. Ni une ni deux, j'ai visité une boutique Décathlon pour faire l'acquisition de deux gourdes noires des plus simples, totalement en accord avec le look de ma partenaire de voyage.

Ah, c'que j'étais contente ! Hardie aussi, d'ailleurs ! Quelle classe retrouvée !

Malheureusement, j'ai vite découvert que mes deux gourdes avaient un problème de fabrication... Je suis incapable de boire sans m'asperger d'eau. C'est extrêmement frustrant. Le pire, c'est que ce n'est même pas systématique ! Parfois tout se passera bien, quand d'autres fois ce sera une catastrophe ! De l'eau sortira d'entre le capuchon et le corps principal de la gourde. J'ai par exemple eu un jour à subir une mini inondation de ma tente parce que j'avais eu le malheur d'y stocker ma gourde pour la nuit... et de la faire tomber à l'horizontale à un moment donné.

Mais globalement, mes problèmes arrivaient uniquement quand je buvais... Si j'appuyais sur la gourde, c'était la pagaille assurée (enfin... une fois sur deux...). Alors j'ai développé une technique toute personnelle pour boire à ces gourdes. Mais bon... si la bienséance me l'autorisait, je dirais volontiers que c'est d'la merde...

Si je dois en retenir du positif ? ... Je repense forcément à cette journée de juillet où Guillaume et moi pédalions à travers la campagne normande. Mon acolyte temporaire de voyage étant à cours d'eau (et moi étant un chameau), c'est tout naturellement que je lui ai tendu ma propre gourde, sans penser à ce qui allait forcément arriver.... Ah, pour le coup, il y est allé franco ! Il a appuyé comme il se doit sur le corps de la gourde pour faire couler l'eau à travers la tétine... et s'est retrouvé inondé ! Bizarrement, j'avais "presque" fini par m'habituer à ce "détail", et j'ai été la première surprise par cette gigantesque aspersion ! Un rire irrépressible (... le mien plus que celui de Guillaume !) a vite pris le pas sur l'étonnement... !