La question la plus fréquemment posée depuis le 31 octobre ? Facile : "Pas trop dur, le retour ?"


Si je ne me sentais pas d'humeur bavarde, je te répondrais tout simplement : "Nan, super facile !"


Mais bon, comme ça fait un mois que je t'ai promis un nouvel article (ou plus), je ne vais pas oser m'arrêter à ces trois lignes...

Allons-y donc pour la version longue !


Retour en arrière. Me voilà en pleine réflexion sur le choix de mes dates de périple. Lèvres retroussées, sourcils froncés, je tombe finalement d'accord avec moi-même sur le principe de "je pars le plus longtemps possible, sur une période où les conditions pour rouler peuvent être correctes". Exit l'hiver, donc. Et quand débute l'hiver, selon mon ressenti ? Au changement d'horaire. Je coche donc le 30 octobre comme date de retour. Ça, c'est fait. Et le début, maintenant... Je peux me baser sur la date d'ouverture des campings ? ... Oh la flemme de me renseigner. Je vais plutôt partir sur la date du triathlon de Chatte, début avril. C'est LE rendez-vous annuel de mon club de triathlon, et j'adorerais le faire avec Hardie (car oui, Hardie n'était pas encore sortie des mains de ses pères à l'époque, mais je connaissais déjà son p'tit nom !). En partant une semaine avant, je serai laaarge pour être sur place le jour J (enfin, la veille au soir, puisque j'envisageais déjà de m'inviter chez Michelle et Gérard !).


Voilà pour l'explication. Il m'a ensuite fallu attendre de longs mois la divulgation officielle de cette fameuse date de triathlon (le dimanche 10 avril) pour régler le réveil pour Hardie : le samedi 2 avril.


À ce stade, mon cerveau a enregistré ces informations, et commencé à envisager le retour : "Ok. Reprise du travail le lundi 31 octobre... Et BIM ! Mardi 1er novembre ferié ! 😁 Reprise en douceur ! ... Vendredi après-midi, je ne travaille pas, ça nous fait une première semaine à trois jours et demi.😇 Semaine suivante ? Vendredi 11 novembre ferié ! Et BIM ! Semaine de quatre jours ! 😁"

Reprise en douceur, je vous disais. Mon retour était donc déjà envisagé en termes positifs. Et puis bon, quand on aime bien son travail, ce n'est pas non plus le bagne d'y remettre les pieds.


Le 30 octobre, en arrivant sur le lac d'Annecy, si je dois être honnête, je n'ai pas ressenti grand chose. J'étais contente d'être arrivée et d'être accompagnée, mais je n'ai pas eu de vague déferlante d'émotion. Pourtant, j'ai tendance à être assez émotive pour d'autres sujets... Genre quand, une semaine plus tard, on m'annonce - à moi qui n'envisage pas d'être maman un jour - que je vais être à nouveau tata (Yeeeeeeeeaaaaaah !!!! 🥳😄)... et qu'en plus il va falloir préparer DEUX cadeaux de naissance (... 😮 ... Yeeeeeeeeaaaaaah !!!! 🥳😄)... bon ben là, je fais ce que je peux pour ne pas trop laisser couler mes larmes (y a du public !) et pour essayer de maîtriser ma gorge qui est toute nouée.

Mais pour l'arrivée sur Annecy, rien de particulier. L'arrivée dans le garage, où j'allège Hardie de toutes les sacoches ? L'arrivée dans l'appartement, où j'aperçois un peu tardivement dans l'entrée un message coloré de ma moitié pour me souhaiter la bienvenue ? Contente, mais pas d'émotion particulière.

Je pense que je n'ai jamais vu la fin de ce périple comme une fin en soi. J'ai plus ressenti ces sept mois comme des vacances dont il fallait que je profite à fond. Et pour profiter, j'ai profité. Mission accomplie !


J'en ai eu conscience tout au long de mon périple, mais autant le formaliser... Quelle chance j'ai eu ! Non mais franchement ! Quelle chance ! Si j'étais partie un an plus tôt, comme ma cousine pfs* Marine**, j'aurais eu énormément de pluie, en plus d'être bloquée des semaines durant à Annecy, puis dans un périmètre de 10 km de cette belle ville savoyarde... Alors quand je vois que sur 212 jours de périple, j'ai subi uniquement 8 journées de pause pluie... c'était vraiment inespéré ! (26 jours de pauses au total, comprenant des pauses pluie, des pauses orga (au début uniquement - après, j'étais rodée), des randos à la journée, des retrouvailles de famille/amis, et du repos forcé entorse)


Tu veux d'autres chiffres ? Allez ! Je les ai calculés rien que pour toi !


Sur 211 nuitées, j'ai passé 130 soirées en solitaire, et 81 soirées accompagnée. Et j'en profite d'ailleurs pour remercier une nouvelle fois toutes les personnes qui m'ont fait le plaisir de croiser ma route durant ces sept mois ! (113 nuits en camping / 3 nuits de camping sauvage / 48 nuits en famille-amis / 2 nuits en Warmshowers / 7 nuits chez des personnes sympas (!!) / 19 nuits en hôtel-chambre d'hôte-airbnb / 19 nuits en gîte d'étape-auberge de jeunesse)


Le budget ? Un incontournable... Il m'a fallu beauuuucoup de bottage de fesses pour me lancer dans les comptes. Le budget estimé initialement, sur la base de précédents périples de trois semaines en itinérance, me donnait un approximatif 1100€ par mois (ce budget n'incluant pas le remboursement du prêt de ma moitié d'appartement annécien, ni les frais liés à l'appartement et à la copropriété). Je te préviens tout de suite : je suis géomètre, profession de la "juste mesure".... Tu ne seras donc pas surpris qu'après épluchage des comptes, j'arrive au budget final de... 1097€ par mois !

Hi hi ! Bon, juste mesure, juste mesure... soyons réalistes. C'est un hasard total ! Le mois d'avril ne m'a coûté que 640€ (nombreux hébergements en famille/amis, peu de restaurants), tandis qu'août atteignait les 1500€ (semaine de vélo en hébergements "en dur"), ou octobre les 1400€ (campings fermés).


...

De quoi je parlais, avant ça ? ... Ah oui ! La facilité du retour à la "vie normale".

Bon, déjà, il faut quand même bien le dire... Le froid, ce n'est pas mon truc. Donc quand dès la première semaine de retour, les sommets des montagnes autour d'Annecy ont blanchi, j'étais bien contente d'être au chaud dans l'appart', plutôt qu'au frais dans ma tente !

Et puis la vie de sédentaire a de nombreux avantages. Non franchement, tu ne te rends pas compte !

Ne pas défaire sa maison le matin pour la remonter le soir. Ne pas déballer l'ensemble de tes possessions le soir pour les ranger minutieusement le matin venu. Prendre des douches sans courant d'air. Utiliser à nouveau du shampoing liquide. Pouvoir poser ses pieds au sol dans la salle de bains sans risquer d'attraper des champignons. Ne pas prendre mille précautions pour suspendre ta serviette, ta banane (téléphone, papiers...), tes affaires de sport ET tes affaires de soirée sur une unique maudite patère pour ne pas que ça finisse sur le sol trempé. Ne pas faire un aller/retour à ta tente parce que "Gnnngrgn... J'ai oublié le papier toilette". Ne plus avoir la tête occupée par le grand sujet de la gestion des batteries. Manger à table. Ne plus s'intéresser à la météo...


Là, tu te dis que ce périple, c'était une sacrée galère... Mais détrompe-toi. Ce sont juste des habitudes à prendre qui ne te pèsent pas plus que d'autres inconvénients du genre "faire une demi-heure de trajet pour aller travailler" ou "mettre tes chaussures pour sortir les poubelles". Tout est toujours une question de point de vue.


À ceux qui avant mon périple me demandaient pourquoi je le faisais, je me voyais bien en peine de répondre. J'avançais que c'était pour (re)découvrir la France... Euh... me botter les fesses, aussi... Et euh...

...

Nan, mais en fait...

C'est juste qu'un jour de fin août 2017, je me suis dit "Oh ! 💡 Un tour de France à vélo en solitaire !", et puis... Ben voilà, quoi.

Pourquoi il faut toujours des "pourquoi" ? Est-ce qu'on a vraiment besoin de se poser tant de questions pour avancer dans la vie, et apprécier ladite vie ?! Je ne pense pas.


Certains voyaient une fuite dans mon départ. Je pense que le fait de reprendre facilement le cours de ma vie prouve - s'il y avait besoin de le faire - que ce n'en était pas une.

D'autres étaient convaincus que j'envisageais ce périple comme un moyen de "me retrouver". À l'époque, je ne comprenais pas cette expression. Après ces sept mois en solitaire, cependant... Nan, j'déconne ! Je ne la comprends toujours pas !


Le mot de la fin ? Je vais te partager une (double-)phrase qui m'a fait beaucoup avancer dans ma courte vie (on a tous l'impression que sa vie a été courte, non ?!) : "Elle avait un rêve. Elle ne l'a jamais réalisé."

Je trouve cette bi-phrase belle et brutale.

C'est en imaginant cette sentence que je m'étais motivée à franchir le pas pour un semestre Erasmus à Madrid en 2010 (ça ne te paraît pas démesuré, comme ambition, mais c'est que j'étais une TRÈS grande timide, à l'époque). Et c'est cette même phrase qui m'a permis de me lancer sur ce périple (qui n'était en soi pas non plus démesuré).

Je croise les doigts pour qu'elle me fasse entreprendre de nouvelles jolies choses tout au long de ma vie.








PS : À ma mienne Môman, à Gérard, et à tous les autres qui ne comprennent pas l'intérêt d'ajouter des smileys à un récit : Mea culpa.



*pfs="pour faire simple". Parce que bon, quand tes parents cumulent à eux deux 15 frères et sœurs, que je suis la petite dernière (de loin) de "ma" génération, et que mon plus "vieux" cousin a 29 ans de plus que moi... les liens de parenté sont forcément un peu longs à expliquer ! Et oui... Alors que cela fait 11 ans que j'ai commencé à travailler, mes cousin(e)s deviennent grands-parents et commencent déjà à prendre leur retraite !


** Le périple 2021 de Marine ? Une traversée de la France avec Poï Poï, sa jument. Une aventure que les adeptes de Facebook peuvent retrouver en suivant "Naindépendantes", et qui m'a BEAUCOUP aidée dans ma prise de décision de ce périple.