Vitré / Rennes
Vitré / Rennes
Christophe
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Vitré, c'est par chez moi ! Une grande partie de mon enfance.
Gomi
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Chouette, une question d'histoire !
D'abord, du contexte : Le système féodal, c'est très simple (hem hem). Un seigneur gère un territoire, il peut choisir de dire « Okay, toi, t'as l'air un peu plus fort que moi, tu pourrais me faire très mal, on va tenter de faire copain-copain », il peut alors prêter allégeance à cet autre seigneur, qui accepte (ou pas, ce dernier peut aussi avoir envie de lui mettre sur la tronche pour lui prouver qu'il est plus fort et lui piquer ses terres). Il est alors vassal, et le dominant est le suzerain. Le suzerain doit protection et subsistance à son vassal, et le vassal doit conseil, aide armée et je ne sais plus quoi (en plus des impôts). Un vassal peut aussi avoir ses propres vassaux à lui.
Le Royaume de France n'échappe pas à cette règle : le Roy de France a ses terres à lui, qu'on appelle le domaine royal (et au début ce n'est pas gros, et divisé entre les fils à chaque mort de roy, autant dire que ça s'écharpe joyeusement et régulièrement à cette époque), et il faut attendre les Capétiens pour que le domaine royal ne soit plus divisé à la mort d'un roy (ce qui n'empêche pas le cadet de chercher à tuer son aîné pour récupérer le gros lot). Le Roy de France a des vassaux, à l'allégeance plus ou moins fluctuante, et c'est l'ensemble domaine royal + fiefs des vassaux qui donne le Royaume de France. C'est un système qui crée pas mal de soucis, surtout lorsqu'un vassal devient plus puissant que son suzerain (coucou Aliénor).
Mais revenons à nos moutons :
Une marche, c'est un fief ou un ensemble de fiefs en bordure d'un royaume ou d'un empire, géré par un vassal auquel le suzerain donne plus de moyens et d'autonomie en matière de défense et d'organisation militaire qu'à ses autres vassaux. Il sert à défendre la frontière du royaume et à encaisser dans la durée une attaque dans l'attente des renforts royaux (il a donc généralement des gros châteaux bien costauds, et des troupes pour les défendre). Les marches se transformeront en fin de moyen-âge en marquisats (la racine du mot est la même, d'ailleurs), même si le titre de marquis deviendra vite plus honorifique qu'autre chose, le système féodal ayant fait long feu.
Ici, la Marche de Bretagne servait à défendre le Royaume de France contre les Bretons, ces vils païens celtiques naturistes, adorateurs d'arbres et précurseurs dans la construction de gratte-ciels, vu qu'ils faisaient déjà des lotissements entiers de pierres dressées vers Dieu (alors que le PLU ne l'autorisait pas, c'étaient vraiment des barbares, il fallait donc absolument s'en protéger, tous au bûcher !).
On a un autre exemple en France, la province de la Marche (en gros la partie nord de l'ancien Limousin), qui servait de zone frontière tampon entre le domaine royal et le duché d'Aquitaine, le Comté du Poitou, c'est à dire toutes ces terres vassales du Royaume de France jusqu'à ce que sa Duchesse, mariée au Roy de France, se fasse tèj par son époux, et change d'allégeance en allant se jeter dans les bras de l'héritier d'un autre royaume d'outre-manche, qui avait déjà pas mal de terres en Normandie, Maine et Anjou (les erreurs politiques et conjugales, ça pardonnait beaucoup moins à cette époque que maintenant). Cet héritier en question, qui avait à l'origine prêté allégeance au Roy de France pour ses terres entre Loire et Manche, se demanda une fois Roy et marié pourquoi il devrait être vassal d'un péquenot qui avait 80 hectares de terres entre Orléans et Paris (et qui en plus avait fait pleurer sa femme), alors que son fief allait de Bayonne jusqu'à l'Écosse.
300 ans de conflits ayant été engendrés par deux roys s'étant envoyés leur vassale à la figure (et pas que), désormais on s'envoie la vaisselle à la figure lors des disputes de couples, on a fini par se rendre compte que ça coûtait quand même un peu moins cher.
Et bien des années plus tard, plus de deux siècles après que de vils républicains ont tranché une tête de droit divin, un homme politique remit ce terme en avant, en instaurant une marche à l'échelle d'un royaume. Le pays entier devint une frontière, donc source potentielle de conflits constants, ainsi fut créée la République en Marche.
Laurène
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M'est avis que je poserai plus souvent des questions d'histoire, à l'avenir !!
Gomi
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J'ai oublié de préciser au tout début, que le territoire d'un seigneur, c'est un fief (sinon l'apparition du mot en fin de 2e paragraphe pourrait en dérouter certains).
Gilles
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Impressionnant !
J’en reste… presque coi.
Ce qui est une performance 😄.
Ne serait-ce pas intéressant de rechercher les révoltes, rebellions, protestations, émeutes colorées ?
Je pense aux bonnets rouges ( Bretagne oblige), Gilles jaunes, pieds noirs… etc
Odday
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Ah ! Si j'avais eu un prof. d'histoire aussi talentueux et drôle que Gomi, j'aurais aimé cette matière.
Coucou à "Gilles jaune" (tiens, je te croyais plutôt rose...)
Gomi
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Les mouvement sociaux - dits « jacqueries » - avaient régulièrement tendance à se terminer dans le rouge, les seigneurs ayant inexplicablement tendance à toujours péter une durite lorsqu'ils voyaient les têtes de leurs fils fichées au bouts de piques.
C'est seulement dans les dernières décennies que les couleurs des émeutes se sont mises à varier, les forces de répression ayant reçu ordre de retenir leurs coups, et parvenant à peu près à s'y tenir malgré des provocations acerbes des protestataires ayant souvent trait au passé des mamans des gens de la maréchaussée.
Cependant, il semble que très récemment, les manifestations se soient mises à nouveau à virer au rouge, les forces de protection du pouvoir ayant revêtu armures, solerets et heaumes à visière avant de tirer des flèches à peu près émoussées sur les vils perturbateurs de l'ordre établi.
Fabienne
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il me semblait que les châteaux forts des Marches de Bretagne servaient à protéger le duché de la France?
fabienne
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Celui de Fougères en est un bel exemple
Gilles
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Gilets ( y m’énerve ce correcteur…)
Pour ma couleur, je picore un petit peu de rosé, de rouge, de noir , de vert… je tire de plus en plus sur le vert, même si je garderai toujours le cœur à gauche !✊😝😘
Gomi
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Ou encore : "Je me souviens de l'été en Bretagne, l'année dernière, c'était un mardi."
gérard
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A quelle heure?
gérard
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J'aurais aimé connaître l'heure car c'est ce même mardi,entre 16h et 18h,que la tramontane n'a pas soufflé à Perpignan.
Christophe
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Le Parlement dont le toit avait brulé à la suite d'une manifestation d'agriculteur. J'en pleurais ce soir là ...
Angeline
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Il s'agit de Jean LEPERDIT. Né à Noyal-Pontivy (Morbihan) en 1752, il s'installe à Rennes dans les années 1780 comme revendeur puis comme maître-tailleur. Elu officier municipal en 1792, il tient tête à Jean-Baptiste CARRIER, acteur majeur de la Terreur connu pour avoir ordonné le massacre de Nantes entre 1793 et 1794. En s'opposant à lui, LEPERDIT sauva de la guillotine quelques administrés Rennais suspectés d'actes repréhensibles contre le mouvement révolutionnaire. Le 21 février 1794, il fut nommé Maire et quitta ses fonctions en octobre 1795, mais il siégea jusqu'à sa mort dans presque tous les Conseils Municipaux, sous les divers régimes qui se succèderont. Il meurt en 1823 dans un incendie qu'il tentait d'éteindre.
Pendant tout le 19e siècle, il incarnera la République juste et modéré.
Angeline
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Afin de rendre hommage à Jean LEPERDIT, une statue a été réalisé le montrant en train de déchirer la liste des suspects de Jean-Baptiste Carrier.