Saint-Amand-en-Puisaye / La Charité-sur-Loire
Saint-Amand-en-Puisaye / La Charité-sur-Loire
Pascale
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Haaaaaa ! J’ai eu peur de ne plus avoir de belles photos à regarder !!!!
Gilles
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Chuis bien content pour toi ! Et pour nous…
Je me disais, tant pis on aura peut-être plus d’articles et comme à la lecture d’un livre, c’est notre imagination qui relie toutes les informations… mais bon, je veux pas t’obliger hein ! Et si tu nous gratifiais d’un article ? En voilà une idée qu’elle est bonne ! 😊😋
Odday
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Je ne t'oblige pas non plus pour un article mais bon...
gerard
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Téléphone réparé ; tout va bien. Comme disaient les anglais avant la mort de leur reine : "Que Dieu sauve Laurène".
Gilles
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Ooohh ! Des fleurs !
Oui, je sais, l’imbecile regarde le doigt.
Gomi
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La Charité-sur-Loire, bourgade qu'il va me falloir visiter, puisqu'elle héberge chaque année le « célèbre » festival du Mot. Ce village est voisin d'un autre, Pouilly-sur-Loire, haut lieu de la scène vinicole, puisque s'y trouve la confrérie des Baillis de Pouilly, dont la devise est « Eau nous divise, vin nous unit ». « Notre devise signifie que la Loire sépare le vignoble de Pouilly de celui de nos amis de Sancerre, juste en face, mais aussi que l'amitié et la convivialité se retrouvent plus facilement autour d'un pichet de vin que d'un pichet d'eau. »
Lorsque ces deux institutions voisines se rencontrent, cela nous offre de bien belles choses, comme cette haute voltige linguistique prononcée devant les Baillis par Vincent Roca (oui, encore lui), texte qui pourrait avoir pour titre « Ici, le vin est Roy, et votre bouche est son palais ! » :
« Dans la vie, à la ville ou au village, il y a les bars. Les cafés. Les troquets. Enfin… les abreuvoirs. Des zones de non-droit où personne ne songe à se battre pour la parité. Les hommes sont d’un côté du comptoir, et la femme, de l’autre. D’un côté les téteurs de goulots, de l’autre la débiteuse de boulot. À ma gauche les divas de l’apéro, Caruso du p’tit blanc, Pavarotti du quart de côte, à ma droite la tenancière du bistrot. Cheffe de caisse. Et ils se regardent dans le blanc des verres ballons. De chaque côté du zinc. Les cadors artilleurs du canon de rouge, contre Alice au pays des bouteilles. C’est la guerre des trachées. Le Verdun des poivrots. La bataille du dry. 1515, Marignan, 15 centilitres, ma cirrhose.
D’un côté les éclopés du pharynx, de l’autre la vierge de la glotte. Elle, elle se tient bien droite sur ses guibolles, elle fait des kilomètres sur place, elle remplit les verres en veux-tu en bois-là. Eux, ils obliquent, ils gîtent, c’est l’opération « Tempête du Dévers ». Je penche, donc je siffle. Elle, elle fait marcher la boutique, la doseuse à chimères, le tire-bourdon, l’ouvre-merveilles. Eux, les randonneurs de la cuite, les noyés de la vinasse, les philosophes de la bibine, ils posent trois quatre euros sur le comptoir et sont les rois du monde. Elle, meneuse de corridas, à l’extinction des feux elle balaiera comme chaque soir les oreilles et les queues. Elle remisera la flanelle rouge au frigo, et elle renverra tous ces taureaux d’opérette à leur chère solitude. À cette reine du comptoir, monitrice d’alcoolos, remorqueuse de peines, pourvoyeuse de rêves je dédie ces verres de vins. Verres à six pieds, hexamètres de chais, non, non, laissez, c’est ma tournée.
Foin du cholestérol,
des cirrhoses, des ulcères
et autres fariboles
qui nous bouffent les artères,
sans vouloir faire école
souffrez qu’en vers succincts,
en ces temps de vaches folles
Je défende les beaux vins.
Contre la sinistrose
immergeons nos atomes
dans un bouquet de Crozes,
tous les chemins mènent arôme.
J’en connais des toqués,
que le Pommard a tués,
Buzet, Graves et Gamay
au fond des Cabernets.
Faits de hic et de brocs
les yeux, le foie Bandol
ils se bourrent de Médoc
Et tombent dans les Pomerols.
Ils font des rêves vignobles
qui rendent la vie moins terne,
pleins de pourriture noble,
et de camions Sauternes.
J’ai vu des paysans,
sublime action de grâce
traiter sans ménagement
leurs bouteilles de Cornas.
Licheurs de millésimes
et d’acides chimériques
suceurs de pousse-au-crime
aïe, barrique, barrique.
Tous ces princes sarments
ont le vin subjectif
et passent du Pécharmant
au château Beaujolpif.
Ils sont nés avinés
élevés bien aux chais
sangliers marinés
piliers de bauge, au lait,
nourris dès le biberon
au pampre, agrémenté
d’un filet d’jus d’litron,
dur, dur, d’être imbibé.
Ils vont la bouche fleurie
solides comme des Chénas
beuglant les yeux Brouilly
In vino, pancréas.
Souffleurs de verres ballons,
à cheval sur l’étiquette,
champions de tire-bouchon,
Nelson, mais pas piquette.
Maniant une langue de fer
dans un goût de velours,
ils lèvent bien haut leur verre
à l’esprit Saint Amour.
Don Quichotte du Beaujo
pourfendant l’adjuvant
lutte en corps et boyaux
pour le Moulin à vent.
Deviser pour régner
telle est leur conviction,
ils roulent, ceinture bouclée
et à la place du Morgon,
jamais ils ne diront
que le Chablis est naze,
mais ils vous soutiendront
que le Juliénas.
Ils n’ont pas le feu au cru,
ils pêchent même en vin trouble,
mais si certains pissent dru,
eux, pour sûr, ils Chiroubles.
Vautrés sur la blanquette
jour et nuit ils s’imprègnent
empâtés de la luette
ils ont les dents qui baignent.
L’ivresse est éternelle,
ainsi vont les poivrots,
Chasselas naturel
ils reviennent au goulot.
Vive la Treille Muscate
n’en déplaise aux bornés
des plans vigi-picrates
qui interdisent de humer.
Cassis, orange ou mûre
on se crêpe le Chinon,
mais au pied du Saumur,
on ne voit pas l’Mâcon.
Le vin nous tient Anjou.
Certes, il brûle nos vaisseaux,
mais il embellit tout :
Tu nais con, tu Meursault.
La vigne s’est fait chair,
c’est son sang qu’on écluse.
Il faut bien qu’on Sancerre
pour que le plaisir Suze.
Et du Cher à la Nièvre
il n’y a pas bien loin
comme de la coupe aux lèvres
et du ceps au raisin.
L’eau de Loire vous divise,
le vin vous réunit.
C’est, dit-on, votre devise
m’a-t-on dit près d’ici.
Me voici au milieu
des baillis de Pouilly
vous qui avez les yeux
sacrément ébahis.
L’art du Pouilly-Fumé
se lit dans vos regards
et j’y vois deux fois aussi
l’or du Pouilly-sur-Loire.
Sonate de pinot-gris
près de Reuilly
mais pour mettre Paris
en bouteille, y’a Quincy.
Garde des Sauvignons,
Jacques Cœur dans son bagage
le Menetou fait Salon
et c’est l’embouteillage.
En guise de vinarium
le Rhône est notre fief :
Ne dit-on pas que l’homme
descend du Saint… Joseph.
[…]
Qu’on ait les côtes rôties,
le foie aligoté
ou le citron Givry,
au vin, nous sommes liés.
Irriguons nos caboches,
même si le navire tangue
il y a papille sous roche
et salive sous la langue.
Raclons les fonds de terroir
ils ont valeur d’icône
plaçons nos abreuvoirs
sous les hospices de Beaune.
Y’a du moud dans le pressoir
du moelleux dans les cuves
en attendant le grand soir
noyons-nous dans l’effluve.
Remettons nos breuvages
cent fois sur le métayer.
Sauvons du frelatage
la patrie vendangée.
De l’aube à l’Angélus
jouons avec les dieux
des vins Stradivarius
comme le grand con d’Rieux.
Aux ceps, prenons le jus,
ivres, tonnons cépages
notre terre a reçu
le vin en ermitage.
Flacon, donne-moi tanin
tes senteurs et ta flore,
le cœur a ses raisins
que la raison dévore.
Pour un vibrant hommage
au pape des vins bénis
j’irai en pèlerinage
à Romanée-Conti.
Et persona grappa
grimpé sur mes Margaux
aux fontaines de jaja
je boirai de tonneaux.
Pis, quitte à prendre l’eau
pour mon dernier Pajot
qu’on m’encave à huis-clos
à huis Clos de Vougeot.
Dans mon trou de calcaire
j’aurai une fin d’ivrogne
boulotté par les vers,
mais les vers de Bourgogne.
Et mon âme en bonus
quittant les côtes de Nuits
volera vers Saint Pétrus,
gardien du Paradis. »
Odday
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Bravo ! Et santé (puisque l'intelligence, tu l'as déjà...) !